Nomenclature des jeux vidéos
Si vous parcourez régulièrement les sites web proposant des tests de jeux vidéos (JV), vous avez surement recherché un jeu spécifique en utilisant une classification. Celle-ci est souvent thématique.
Si certaines grandes catégories reviennent souvent (Action, Simulation, Stratégie…) on se rend compte très vite que les JV actuels sont de plus en plus à cheval sur plusieurs catégories (FPS, RPG,…)
Gameplay, graphismes, narration, périphériques utilisés, … autant d’entrées possibles pour une classification. Pour obtenir une nomenclature simple, focalisons-nous sur le(s) but(s) du jeu (=objectifs) et les actions nécessaires (=règles) pour les réaliser.
Petit essai de nomenclature pour les jeux vidéos…
Insert coin – same player shoot again
Quelques définitions
D’un point de vue « qualitatif » un jeu, selon Katie Salen et Eric Zimmerman, c’est :
Une activité avec des règles aboutissant à un résultat.
On peut guère faire plus simple. Mais dans la pratique ?
Comme de nombreux sites spécialisés on pourrait être tenté de classer les jeux selon :
- un élément marquant de gameplay: combat, role-play, stratégie, aventure, pilotage…
- le point de vue du joueur : FPS, TPS, Scrolling (side- ou vertical-), Perspective (3D ou isométrique), Freeview, Plateau
- l’objectif à atteindre : TimeAttack, BeatTheBomb, CaptureTheflag, HoldTheCastle, DungeonCrawling (PorteMonstresTrésor, Quête), BeatThem(Up)All, Survival, Deathmatch
- l’action du joueur : Baston (Brawling), Platforming, HackN’Slash, ShootThemUp, Infiltration, PointToPoint, Exploration, Déduction, Appariements
Mais ces éléments trop spécifiques, souvent datés historiquement car associés à un jeu en particulier, ne permettent pas de classer simplement la variété des jeux actuels (qu’en est-il des RPG-action plateforme en vue FPS (Mirror’s edge) ? ou des FPS-jeux de course (Rage) ? hein, qu’en est-il ?).
Il semble dès maintenant nécessaire de préciser le sens d’un mot très important: gameplay.
Gameplay est un terme qualifiant les aspects interactifs du design d’un jeu. (wikipédia)
Cet anglicisme n’a pas de réel équivalent en France. Le mot jouabilité est parfois évoqué comme traduction de gameplay. Il était déjà employé par Voltaire, pour désigner ce que l’on peut tenter dans un jeu (et pas parce que le gars était accro de Halo). Cet emploi me semble pourtant inapproprié car ambiguë: le terme signifie aussi la maniabilité des éléments du jeu sur lesquels le joueur agit (et pas seulement celle des périphériques que le joueur manipule).
Gameplay et jouabilité seraient deux phénomènes différents (même si très liés) de l’expérience vidéoludique. Et dans tous les cas le gameplay est fortement lié à la qualité du jeu. “Un bon jeu est un jeu mort avec un bon gameplay”
Ce qui va vraiment permettre de catégoriser les jeux c’est l’association “objectifs + règles”.
Règles et objectifs
Gonzalo Frasca a mis en évidence une typologie des différentes règles de jeux :
- Les règles de manipulation : ce que le joueur peut faire
- Les règles d’objectifs : le but du jeu
- (Les méta-règles : la liberté de modification du jeu accordée au joueur par le créateur du jeu)
Djaouti et Alvarez quant à eux définissent un nombre restreint d’éléments fondamentaux d’un jeu : les briques Game et Play.
On peut recouper ces 2 catégories de briques avec la typologie de Frasca : celles qui sont basées sur les règles de manipulation = les briques Play et celles qui sont reliées aux règles d’objectifs = les briques Game.
Voici les 10 (+1) briques fondamentales mises en évidence jusqu’ici :
- Éviter : le joueur est pénalisé s’il touche un élément (brique Game)
- Bloquer : le joueur peut empêcher une action (Game)
- Faire correspondre : le joueur doit « atteindre » une valeur ou une position donnée (Game)
- Détruire : le joueur doit détruire un élément (Game)
- Gérer : une ressource du joueur est limitée (brique Play)
- Aléatoire : le joueur reçoit une valeur aléatoire (Play)
- Tirer : le joueur peut tirer sur des éléments (Play)
- Créer : le joueur peut créer de nouveaux éléments (Play)
- Déplacer : le joueur peut déplacer un élément (Play)
- Sélectionner : le joueur peut choisir un élément (Play)
- Écrire : le joueur peut saisir une chaîne alphanumérique (Play)
Cette classification est attirante mais imho les briques Game, dans la pratique, sont également des briques Play.
Par exemple, dans une course de Need for Speed:
- le but du jeu = gagner la course = atteindre la 1ere place = brique Faire correspondre.
Jusque là tout va bien.
- Les règles =
- conduire la voiture = brique Déplacer (play)
- gagner et économiser la nitro = Gérer (play)
- éviter les obstacles (trafic,…) = brique Éviter (brique game et non pas play…)
Si les briques Game sont également des briques Play, l’inverse n’est pas systématiquement vrai, quoique… Seules “aléatoire”, “sélectionner” et “écrire” semblent être des briques Play au sens strict.
L’autre simplification gênante est l’utilisation sélective de “peut” ou “doit” dans les actions que le joueur réalise sur un élément du jeu”. L’emploi de l’un ou l’autre apporte des nuances pour plusieurs briques.
Ensuite les auteurs de cette classification, à partir d’un panel de 588 jeux aboutissent à la création de… 301 (!) famille de jeux (i.e. des associations de briques identiques pour les jeux de cette famille).
En affinant leur analyse, ils ont créés des métabriques, regroupant des briques (une Game et une Play) très souvent associées entre elles. Par exemple:
- tirer + détruire = tueur
- déplacer + éviter = pilote
Avec ces regroupements le nombre de familles tombe à 164 (pour 588 jeux – c’est mieux mais c’est encore bof bof).
La Nomenclature parfaite n’est pas encore parmi nous… Alors pour mieux comprendre, jouons ! C’est pour le bien de la Science …